Kairos, c’est une belle histoire de réussite. Mais c’est d’abord et avant tout le récit d’une maman entrepreneure qui a décidé de se mettre en mode solution pour changer la vie de millions de familles!

Parce que le parcours de notre fondatrice Annie est si fascinant, on lui a demandé de nous raconter son cheminement.

La source d’inspiration : William

Tout a commencé dans ma vingtaine. Je me suis retrouvée monoparentale alors que ma fille était âgée de 10 mois et mon garçon, de presque 3 ans. Pas évident! Pendant des années, j’ai eu la broue dans le toupet. Heureusement, la vie m’a dotée d’un grand optimisme et d’une excellente capacité à me relever dans les moments les plus difficiles et je l’en remercie!

Dès le plus jeune âge de William, j’ai rapidement remarqué qu’il ne se sentait pas bien. Je savais que la séparation avec son père n’était pas la cause principale. Les transitions étaient difficiles, il présentait des difficultés de langage, de l'hypersensibilité. Pendant des années, je me suis battue contre le système pour qu’on m’aide à cibler le problème.

Recevoir un diagnostic prend souvent du temps! Les dédales du système sont très complexes et on est parfois  ballotés d’un endroit à l’autre. On se questionne, on se remet en question et l’entourage n’est pas toujours compréhensif. Il m’est souvent arrivé d’être jugée comme mère à cause du comportement de mon fils, et ce, de façon très régulière. J’ai une grande qualité, celle d’être capable de me remettre en question. J’aime devenir une meilleure personne et William est une grande source de motivation pour le faire ! 

Lorsqu’il était en 2e année, Will a reçu un diagnostic de TDAH, comme beaucoup d’autres jeunes. Ça avait du sens, mais je savais qu’il y avait autre chose derrière ses comportements. Je me disais que ça ne pouvait pas être seulement un TDAH. Will était un petit garçon hyper allumé et vif d’esprit, mais il avait parfois de la difficulté à décoder les émotions et à entrer en relation avec les autres. Il ne comprenait pas toujours le sens de l’humour ou les phrases figurées. Il faisait souvent des crises et je me sentais impuissante devant tout ça.

Il a fallu une tentative de suicide lorsqu’il avait 11 ans pour que les médecins lui diagnostiquent un trouble du spectre de l’autisme (TSA) associé à un TDAH. Dès ce moment, comme tous les parents qui reçoivent un diagnostic, je me suis mise en mode supermaman pour trouver la solution qui aiderait Will à s’organiser et à développer son autonomie. Le diagnostic m'a permis de me mettre en mode solution et de comprendre ce que vivait William. Ce fut un moment déterminant pour lui et pour moi.

Si vous n’êtes pas familier avec le TSA, sachez que les autistes ont un grand besoin de prévisibilité et de stabilité (et pas seulement les enfants). Ils sont très attachés à leurs habitudes et à leurs rituels. La routine est donc vraiment vitale pour eux : elle les sécurise et réduit leur niveau d’anxiété.

Lors de ma phase de super maman, j’ai essayé le Time timer, tous les tableaux d’émulation, toutes les applications de gestion des tâches et tous les systèmes de renforcement positif possibles. Je me suis dit : la solution miracle existe certainement, je vais forcément tomber dessus. 

Après un petit bout, j’ai dû me rendre à l’évidence : rien ne fonctionnait. Une solution pouvait donner des résultats pendant un bout, puis plus rien. Je revenais toujours à la case départ. Will perdait de l’intérêt rapidement malgré toute son implication et sa bonne volonté au départ.  Il y a une chose qui le passionnait au plus haut point par contre : les jeux vidéo! 

C’est là que l’idée a germé. Je me suis dit : « Si seulement la routine pouvait être un jeu vidéo...»

La naissance du concept 

J’ai demandé à William ce qu’il proposait pour faire en sorte que ce soit moins pénible. Il fallait se rendre à l’évidence, ni lui ni moi avions du plaisir lors des routines. Je l’ai alors impliqué dans la recherche de solutions et décidé d’évaluer la possibilité d’inclure le jeu vidéo, moi qui ne permettais aucunement la présence d’électronique en période de routine ! Si c’était à des fins constructives… pourquoi pas ?

Avant de pousser plus loin mon idée, je suis allée valider autour de moi si j’étais la seule à trouver la routine difficile. Sans surprise, plusieurs parents m’ont dit être dans la même situation. Par la suite, j'ai parlé de mon concept avec deux références incontestées sur le TDAH au Québec : la docteure Annick Vincent et la coach familiale Nancy Doyon. Elles m’ont confirmé que j’étais sur la bonne voie. Puis, j’ai présenté mon projet au Congrès national sur le TDAH et, là encore, il a suscité beaucoup d’intérêt. Ça m’a donné la confirmation qu’il me fallait pour foncer.

Au moment du diagnostic de Will, j’avais deux baccalauréats en poche : un en service social et l’autre en administration et je cumulais plus de 15 ans d’expérience en développement des affaires auprès d’entreprises en démarrage. Je travaillais dans l’industrie du jeu vidéo. J’étais associée chez Mirum Studio, qui se nomme aujourd’hui Firefolk. Un jour, j’ai dit aux gars de l’équipe : on va créer un jeu vidéo pour les familles qui va rendre la routine amusante (parce qu’être parent, c’est censé être amusant et être un enfant aussi). L’équipe a été emballée et a embarqué tout de suite! 

Au départ, en 2016, l’application s’appelait « Hero - Montre-leur tes pouvoirs ». Car, en faisant ses tâches au bon moment, l’enfant devenait un héros du temps. De plus, l’avatar évoluait au fur et à mesure de la progression de la routine. Si l’enfant ne se brossait pas les dents, l’avatar avait des caries; si l’enfant ne se lavait pas, l’avatar puait, etc. Vous constaterez que le concept a beaucoup évolué depuis!

Les donateurs : le levier du projet

2016 a vraiment été une année charnière! J’ai fait une campagne de sociofinancement sur le site de La Ruche Québec et le projet a été financé à 111 %! Wow, inutile de vous dire que j’étais aux anges. L’engouement était monstre. 

En 2017, j’ai incorporé l’entreprise Groupe Neuro Solutions. Et un nouveau projet est venu se greffer parallèlement à Hero : l’application Ali, un assistant à la réalisation de tâches pour les personnes présentant des déficiences intellectuelles (DI) ou ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA). Au moment où nous publions cet article (août 2020), ce projet est en cours de développement.

Par la suite, j’ai obtenu plusieurs autres subventions : Fonds des médias du Canada (FMC), Développement économique Canada, Ministère de l'Économie et de l'Innovation, etc. On peut dire que le projet a pris de l’ampleur!

Les études : une confirmation du besoin 

En 2018, le projet est allé chercher une crédibilité scientifique. Nous avons testé Hero pour la première fois auprès des familles. Une étude clinique Storm a été réalisée en partenariat avec l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), la Dre Annick Vincent et la clinique FOCUS. Les résultats ont été très prometteurs : beaucoup de parents nous on dit qu’Hero avait littéralement transformé leur quotidien. Alors, nous avons décidé de continuer à aller de l’avant. 

Puis, de 2019 à 2020, une deuxième étude d’envergure plus vaste a été réalisée auprès de 200 familles. L’UQTR, MedteQ et la Fondation les Petits Trésors ont participé au projet. L’étude est maintenant terminée et les conclusions seront présentées dans quelques mois. Évidemment, nous avons très hâte de recevoir les résultats! 

Le lancement : petit projet devenu grand

Nous avons décidé de commercialiser Hero à la fin de l’été 2020, car beaucoup de familles l’attendaient avec impatience! En juin 2020, l’application a fait peau neuve pour mieux refléter notre style dynamique, léger et amusant. On a aussi changé le nom pour Kairos, qui est un dieu du temps dans la mythologie grecque. Bref, on a tout mis en oeuvre pour que notre application soit un succès au point de vue expérience utilisateur.

À l’aube de la sortie officielle de Kairos, je regarde tout le chemin parcouru et je suis très très fière. Fière d’avoir rassemblé une équipe du tonnerre autour d’un même objectif. Fière de placer la technologie au service des familles. Fière d’avoir osé innover pour proposer une solution qui plaira autant aux enfants qu’aux parents. Et j’ai bien hâte de vous faire découvrir ça. ;)

Mais vous savez ce qui me rend encore plus fière? 

C’est de voir à quel point William a évolué de façon fulgurante depuis l’annonce de son TSA. Il a su maîtriser son diagnostic de façon exceptionnelle, ce qui est loin d’être évident. 

  • Il a élaboré des tactiques pour mieux saisir les réactions des autres. 
  • Il a un sens de l’humour incroyable : les élèves de sa classe l’adorent.
  •  Il joue du piano et il a vraiment du talent (je ne dis pas seulement ça parce que je suis sa mère haha).
  •  Il occupe un emploi d’été à l’épicerie du coin. 
  • Il a obtenu son permis de scooter et est indépendant dans ses transports (du moins l’été hahaha)
  • Il a même décidé de son plein gré d’arrêter ses médicaments il y a un an et demi parce qu’il en avait assez des effets secondaires (perte d’appétit, impact sur la croissance et difficultés liées au sommeil). 

Bref, c’est un adolescent au potentiel énorme, qui a su surmonter les difficultés avec les outils qu’on lui a donnés. Je suis convaincue que sa participation à la recherche de solutions a vraiment facilité les choses!

Avant de vous laisser, j’aimerais vous donner un petit devoir. Si quelque chose ne fonctionne pas à la maison, commencez par demander à vos jeunes s’ils ont des idées pour régler la situation. Écoutez vos enfants : ils font partie de la solution. ;) 

Si vous avez besoin d'un coup de main supplémentaire, Kairos vous offre une tonne de ressources gratuites, comme le guide de routine pour enfant ultime. Si vous avez des questions, s'il vous plaît, n'hésitez surtout pas à nous rejoindre! Ça nous fera un plaisir de vous aider.

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