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La fratrie avec enfant neurotypique et enfant a besoins particuliers

La fratrie, qui est une des composantes de la famille, est une notion découlant des liens affectifs tissés entre les membres qui la composent. C’est l’ensemble des frères et sœurs de la même famille.

Le terme « neurotypique » est un mot désignant toutes les personnes sans différence neurologique. Autrement dit, ce mot représente tous ceux qui n’ont ni autisme, ni troubles dys[1], ni trouble du déficit de l’attention (avec ou sans hyperactivité), ni handicap.

Ce terme est employé pour décrire les personnes dont le développement et l'état neurologique sont typiques. Le terme est utilisé à la place du mot normal afin d'éviter la connotation de valeur et souligner les différences positives présentées par les personnes atypiques.[2]

« Les enfants aux besoins particuliers ont une condition qui fait que leur développement se passe différemment de celui de l’ensemble des enfants de leur âge. Suivant leur diagnostic, tout leur développement global est touché ou seulement certaines sphères de leur développement (ex. : motricité, langage, comportement, socialisation, gestion des émotions). Ces enfants ont besoin que des mesures soient mises en place pour favoriser leur fonctionnement dans leur famille et leur intégration dans différents milieux », nous explique Stéphanie Deslauriers, psychoéducatrice dans un article sur Naître et grandir.

Maintenant que nous avons vu les définitions des termes qui seront abordés dans ce texte, comment gérer nos enfants quand l’un est neurotypique et l’autre a des besoins particuliers? Est-il possible d’être équitable et juste?

Or, s’il faut donner autant d’attention à notre enfant neurotypique sans toutefois négliger notre enfant atypique et créer une atmosphère familial saine, il est important d’établir une gestion efficace. Pour vous aider, vous aurez besoin d’en discuter avec les membres de la maisonnée.  

Vivant moi-même avec un garçon ayant des besoins particuliers et une fillette neurotypique, j’ai dû me questionner et m’ajuster. Voici comment mon mari et moi gérons les relations familiales. 🙂

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Les liens affectifs

Plusieurs professionnels de la santé s’entendent pour dire qu’il est important de passer quinze minutes de qualité avec chaque enfant pour éviter ou diminuer les tensions familiales et pour créer des liens affectifs solides. Ces liens permettent aux enfants d’explorer leur environnement et faire des apprentissages pour bien se développer et devenir des adultes confiants. Le lien d’attachement, c’est la base de l’estime de soi. Établir une routine, un horaire et un roulement pour que chaque parent puisse passer 15 minutes de qualités, seul avec chaque enfant est plutôt facile quand on s’y arrête. Si vous prenez le temps d’en discuter, vous verrez que 15 minutes s’incrustent bien à l’horaire. Plus loin, je vous donnerai tout de même quelques exemples.  

Ce qui m’importe surtout, c’est la relation à établir dans la fratrie, en retirant les parents de l’équation! Nicole Prieur, philosophe et psychothérapeute familiale, affirme que « dans la construction psychologique d’un individu, l’influence de la fratrie est bien plus grande que celle des parents. »

  • La fratrie a des règles explicites et implicites de fonctionnement qui se construisent à l’écart (et parfois un peu à l’encontre) des parents, ce qui permet aux enfants d’affirmer leur autonomie, vis-à-vis de la génération précédente, et si nécessaire, les aide à faire face à certaines défaillances parentales.
  • L’amour, la haine, le rejet, le besoin d’être seul (etc.) naissent et se déploient au sein de la fratrie, ce qui aident l’enfant à se connaître, à connaître l’autre, à gérer les conflits, à apprivoiser l’autre ou à le fuir s’il lui semble représenter une menace. De ces expériences familiales- dans un environnement que l’enfant considère souvent sécuritaire-, naîtront, s’affirmeront et s’enrichiront les capacités de l’enfant à développer des stratégies défensives dans ses relations futurs avec ses pairs. Tout ça viendra certainement jouer sur sa sociabilité et sur son estime.
  • Apprivoiser l’autre, c’est accepter d’apprendre de lui et parvenir à lui apprendre ce que l’on aime et ce que l’on ne supporte pas. Il s’agit donc bien d’un apprentissage mutuel, progressif, fait d’essais et d’erreurs.
  • Il est frappant de constater à quel point les frères et sœurs, entre eux, parlent peu de la déficience. C’est plus souvent à l’adolescence ou l’âge adulte qu’enfin certains des membres de la fratrie parviennent à se dire la manière dont ils ont vécu la déficience de leur pair.
  • Des études cliniques montrent par ailleurs que lorsque ce dialogue s’est s’instauré dès l’enfance, avec ou non la sollicitation active ou « l’autorisation » explicite des parents, la souffrance est alors plus facilement gérable et vécue dans une moins grande solitude. Ces mises en mots contribuent à diminuer l’étrangeté et facilitent les processus d’identification.
  • C’est pourquoi les frères et sœurs doivent être soutenus dans leurs capacités à décoder les attitudes et comportements de leur pair déficient et qu’il est important que les enfants puissent, dans un climat de confiance, faire état de ces questionnements et inquiétudes avec un interlocuteur, enfant ou adulte, qui lui permettra alors de faire la différence entre leur réalité interne et la réalité externe, leur fantasme et la réalité, le vrai du faux.
  • Il est tentant de surprotéger votre enfant ayant des besoins particuliers. Garder en tête que votre enfant neurotypique a des besoins aussi. Des besoins plus conventionnels, mais des besoins tout de même. Chaque enfant est unique. Chacun a des besoins. Il faut répondre autant aux besoins d’un que de l’autre.

Comment faire pour favoriser les relations fraternelles?

Maintenant que nous avons émis une définition sur les liens affectifs, voyons un peu plus concrètement comment accompagner nos enfants dans cette relation. Par où commencer pour avoir de bonnes relations au sein de la famille atypique? Quoi faire?

  1. S’asseoir en couple est primordiale pour établir les objectifs et les priorités reliées aux besoins de chaque enfant et de la maisonnée : Il est nécessaire de discuter de la façon dont vous voyez les choses et comment vous voulez procéder pour maintenir de saines relations familiales. Il faudra se poser des questions pour combler les différents besoins.
  2. Expliquer aux enfants : il faut être honnête avec chacun des enfants. Expliquer à l’enfant neurotypique les besoins particuliers de son frère ou sa sœur avec transparence et le laisser s’exprimer sur les émotions et les ressentis que cela lui procure. Il faut aussi expliquer à l’enfant atypique ses contraintes et les besoins de son frère ou sa sœur.
  3. Permettre aux enfants de jouer ensemble et d’apprendre à se connaitre : N’oubliez pas que fratrie construit la psychologie de vos enfants. Vos enfants ont besoin de se retrouver ensemble pour se découvrir. Ils doivent, par eux-mêmes, observer et comprendre leur différence. Il faut leur permettre d’être ensemble et les laisser s’ajuster à l’autre. Bien sûr, vous pouvez les outiller pour qu’ils s’adaptent. Toutefois, le mieux est de les faire réfléchir pour qu’ils trouvent EUX-MÊMES des solutions aux différences. Laisser l’enfant neurotypique participer à des séances de thérapie ou a des routines spécifiques pour son frère et sa sœur, partager ce pouvoir avec lui. (ex : votre enfant doit être gavé, laisser son frère participer à la préparation du gavage. Votre enfant doit utiliser des pictogrammes pour communiquer, laisser la fratrie le rediriger au besoin, l’utiliser avec lui.)
  4. Surtout, ne brimer pas un apprentissage de votre enfant neurotypique parce que votre autre enfant ne peut réaliser cet apprentissage! Si votre enfant ayant des besoins particuliers ne peut pas courir ou sauter car il a des handicapes, laisser tout de même l’enfant neurotypique courir et sauter DEVANT votre enfant à besoins particuliers. C’est votre devoir d’expliquer que ce dernier peut réaliser cette tâche ou cet apprentissage et que l’autre enfant doit trouver d’autre façon de faire. C’est confrontant pour vos enfants et c’est normal. Votre enfant neurotypique peut vivre de la jalousie ou une injustice en considérant que c’est un privilège que son frère ou sa sœur manque l’école pour une séance d’orthophonie par exemple ou qu’il ne fait pas sa vaisselle car il n’aime pas le contact de l’eau. Il faut aussi qu’il puisse ressentir qu’il a des privilèges en ayant droit à une activité parascolaire par exemple ou pouvoir se coucher plus tard. L’un et l’autre doivent être confronter à ce qui leur paraît injuste. Ils apprendront ainsi.
  5. Miser sur les forces de chacun. Chaque enfant a des forces et des défis. Miser sur les forces pour qu’ils s’entraident dans différente sphère. Il faut qu’ils sentent que chacun apporte quelque chose à l’autre.
  6. Prendre du temps seul avec chaque enfant. Si votre enfant atypique a manqué plusieurs fois l’école car il était malade ou il devait aller en thérapie ou chez le docteur, profiter de ce temps pour vivre un moment privilégié avec lui. Aller manger au restaurant par exemple, faites-lui sauter une sieste, regarder un film coller, faites-lui son repas préféré, etc. Alors il sera important de prévoir du temps privilégié avec son frère ou sa sœur dans les jours suivant. « Cette semaine après la physiothérapie de ton frère, il a mangé du McDonald et on a regardé un film. Toi, qu’est-ce que tu aimerais faire de spécial? C’est ton tour. » Les rendez-vous avec votre enfant ayant des besoins particuliers sont souvent perçus comme des privilèges par votre enfant neurotypique. Il faut lui expliquer que ces rendez-vous ne sont pas toujours plaisant, mais que vous comprenez que ça peut être perçu injustement pour lui de ne pas avoir eu ce temps privilégié avec son parent. C’est pourquoi il est important de prendre du temps seul avec lui aussi.

 

Les questions à se poser

Il faut d’abord observer le quotidien et prendre des notes sur vos journées pour trouver les besoins de votre famille; c’est unique à chaque maison. Je vous invite à aller lire mon article « Pourquoi la routine est-elle importante » pour vous donner des outils dans cette direction. Dans tous les cas, vous aurez des questions à vous poser pour gérer les relations familiales.

    • Quels sont les besoins COMMUNS de nos enfants? (ainsi vous pourrez y répondre de façon similaire ou aux mêmes moments) Quels sont les besoins de l’enfant neurotypiques? Quels sont les besoins particuliers de l’enfant atypique? Faites une liste.
    • Quels sont les FORCES de chacun de vos enfants? Ajouter à votre liste.
    • Combien de temps chaque parent consacre à chaque enfant? Comment équilibrer le tout? Prendre en considération;
  • Le temps aux rendez-vous de l’enfant atypique.
  • Les routines (adaptés ou non)
  • La gestion des crises (est-ce toujours le même parent qui gère les crises, l’autre parent prend-il soin de l’enfant neurotypique pendant ce temps?)
  • Les tâches de chacun
  • Les jeux libres
  • S’assurer qu’il y ait un roulement parent-enfant. (pas toujours le même parent qui s’occupe du même enfant)
    • Combien de temps les enfants passent-ils ensemble?
    • Prévoyez-vous des pauses et temps de discussion sur la famille?
  • Laisser les enfants s’exprimer librement, dans le respect, ce qu’ils ressentent l’un face à l’autre et face aux parents.
  • Trouver des solutions ensemble qui conviennent à TOUS pour améliorer vos relations.
  • Discussion une fois par mois, c’est l’idéal!

Ces questions vont vous permettre de déterminer vos besoins et les changements à apporter. 

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La vie est tellement plus facile quand on accepte!

En tant que parent d’un enfant ayant des besoins particuliers, on vit notre lot de remises en question. L’acceptation; du diagnostic, d’une famille atypique, de la différence, sera certainement votre meilleur allié.

De mon côté, j’ai la chance d’avoir une facilité d’adaptation et d’acceptation. J’ai la chance d’avoir un mari avec qui je COMMUNIQUE énormément. J’ai appris à mettre des mots sur mes ressentis et à inviter les membres de ma famille à faire ainsi. Je ne juge pas leurs émotions; j’écoute et j’accepte. J’ai fini par trouver des façons de répondre aux différents besoins de chacun des membres de la famille, parce que j’observe, j’analyse, je communique et je me mets à jour.

Sachez aussi qu’il n’est JAMAIS trop tard pour rétablir les relations familiales. 😊 Si je pouvais vous donner qu’un seul conseil, ce serait de vous écouter et d’accepter chaque ressentis et points de vue, même ceux différent des vôtres! Amusez-vous à créer des routines et des rituels bien à vous qui rendront votre famille encore plus unique. Garder en tête que chaque personne est unique et l’unicité de l’un fait la force de l’autre! 😊

 

[1] Dys- est un raccourci de langage pour évoquer une partie ou l'ensemble des troubles d'apprentissage dont le préfixe est « dys », comme dyspraxie, dyslexie, dystonie, etc.

[2] Référence : fr.wikipedia.org

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